Ce qui se dit sur Sudbury, de beau et de pas beau, dans la littérature et les médias

samedi 13 septembre 2008

L'arrivée du Père Nolin à Sudbury (Albert Plante)

Au mois d’août 1883, le P. Nolin se fixa à Sudbury, ou plus exactement, à Sainte-Anne-des-Pins. L’appellation fait sourire ceux qui ont contemplé, ces dernières années, les collines dénudées de la ville. Le Père avait confiance en Sainte Anne. Il la choisit comme patronne de la nouvelle paroisse. La belle forêt de pins qui enjolivait alors les rochers avoisinants lui suggéra le titre complet de Sainte-Anne-des-Pins. La hache des bûcherons et les feux de forêts anéantirent la pinière. Le nom de Sainte-Anne resta à l’église et à la résidence, mais non à la localité. Sudbury, petite ville d’Angleterre, était la patrie de M. James Worthington, premier surintendant général des travaux du chemin de fer. Il donna donc ce nom à l’humble village, peuplé exclusivement, en 1883, d’ouvriers du Pacifique-Canadien. La Compagnie, désireuse de bannir à tout prix les marchands de boisson, exerçait le monopole des magasins et des maisons de pension. Elle le garda jusqu’en 1884.

Arrivé à Sudbury, avec les ouvriers terrassiers, le P. Nolin se construisit un petit chantier. Il ne s’en servira pas. C’était l’été et il avait une tente. Vive donc la nuit sous la toile, dans le voisinage intéressant des ours qui sortaient de leurs cachettes ! Il prenait ses repas dans la famille James McCormick, où il disait la messe les jours de semaine. Le dimanche, si la température était favorable, on avait la messe en plein air. Sinon, on se réunissait dans la maison de pension du Pacifique-Canadien.

Les semaines passaient, l’automne s’annonçait et le Père songeait au froid, qui le guettait sous la tente. Il lui fallait un logis. Un ouvrier quittait justement Sudbury. Le missionnaire acheta sa cabane. Dans son nouveau chantier-chapelle de deux chambres, il allait vivre et travailler tout près de son Dieu. Il s’aperçut toutefois assez tôt de l’exiguïté de sa demeure. Homme de décision et d’action, ce n’est pas au printemps suivant qu’il y remédiera. C’est tout de suite.

Il entreprit donc, au début d’octobre, la construction d’un presbytère-chapelle. Besogne facile, croyez-vous. Jugez vous-même. Impossible de se procurer du matériel à Sudbury. D’ailleurs, le chemin de fer n’atteint encore que l’extrémité est du lac Ramsay, à cinq milles du village. La Compagnie du Pacifique, impatiente de pousser les travaux d’automne, n’entend pas être dérangée par les soucis du transport. Elle ne pourra mettre aucun de ses hommes à la disposition du P. Nolin et consentira finalement à transporter son matériel, mais à un taux fort élevé.

Ces premières difficultés ne font que stimuler le missionnaire constructeur. Aucune route de terre entre l’extrémité de la ligne et le village. Il se rend au bout du lac, construit un radeau, le charge et prend deux jours pour toucher Sudbury. Du rivage au lieu choisi pour le presbytère, il y a vingt arpents, non pas un beau chemin, mais à travers les forêts, les roches, une côte raide et des abatis. Il pleut. La boue est pesante. En avant toujours ! Seul, durant deux autres journées, il transporte planches, briques et meubles. Et les travaux commencent. Les temps libres que lui laissent ses courses apostoliques, il les passe sur le chantier. La construction est déjà assez avancée à l’arrivée de la première locomotive, le 28 novembre. Tout est fini pour Noël. Le rez-de-chaussée servira de résidence, l’étage, de chapelle.

Les Pères de la paroisse Sainte-Anne occupent encore aujourd’hui le presbytère du p. Nolin, agrandi et restauré…

Albert Plante, S.J., Vingt-cinq ans de vie française. Le Collège de Sudbury, Montréal, 1938, p. 16-19.

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