Ce qui se dit sur Sudbury, de beau et de pas beau, dans la littérature et les médias

dimanche 2 novembre 2008

Le Seuil des vingt ans (Jean Éthier Blais)

Le premier matin de la rentrée était un lundi. La veille, avant l'étude dusoir, j'avais vu maman partir, la voiture (une cabriolet Dodge, qu'elleconduisait à une lenteur exaspérante) s'engager dans l'allée de peupliers quimenait à la rue Notre-Dame. Je restais planté sur le trottoir, le collègederrière moi, la ville devant, deux inconnues. Selon mon habitude, je regardaisle ciel, au loin. C'était celui de Sudbury, capitale du nickel, dont j'appris,au cours des ans, à suivre les variations. Bien que toujours sur fond d'acier,comme d'un horizon après l'éclatement des obus, il vivait intensément. Souventpendant plusieurs jours, il était d'une pâleur maladive et, le soir, rougeoyaiten direction des hauts fourneaux de Copper Cliff, embrasant la nuit de seséclats orangés. Nous avions peur de cette lave. Coulerait-elle jusqu'à nous ?

Jean Éthier Blais, Le Seuil des vingt ans (Leméac, 1992).

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